Reportage

 

 

Didier R. et moi avions retenu Port-sur-Saône comme base de départ de notre périple, qui devait nous amener à La Escala en Espagne. Cet endroit nous permettait d'éviter un nombre important d'écluses situées plus au Nord de la France.

Elie sera mon équipier et le parcours d'environ 1000 km, dont 366 km sur la Saône,  320 km sur le Rhône et 300 km en mer et nous aurons à franchir 35 écluses.

Notre vitesse sera limitée à 15 km/h sur 130 km, à 12 km/h sur 20 km à 35 km/h sur 540 km et bien entendu libre sur le reste du parcours.

Le logement est prévu à l'hôtel, ce qui ne doit pas poser de difficulté en cette période de l'année. Toutefois, tente, matelas pneumatiques, sacs de couchage sont chargés à bord..... car on ne sait jamais Le matériel traditionnel est également à bord, sécurité, cartes, GPS, VHF indispensable pour s'annoncer aux écluses et GSM pour les rapports journaliers adressés aux épouses restées au foyer.

Mercredi 20 juin 2001 - 1e jour

Port-sur-Saône 08.30 h : Dernières vérifications... mais nos bateaux sont déjà prêts depuis leur mise à l'eau la veille. Il est 9 heures ; les moteurs 4 temps ne ronronnent que quelques instants car la première écluse automatique n'est qu’à 800 m.

Le VINKEVEEN battant pavillon hollandais nous précède et il est bien inutile de le dépasser car la vitesse est limitée et la prochaine écluse est à 3 km.

Vers 10.00 h. nous empruntons le canal de dérivation de SCEY qui nous amène à l'entrée du tunnel de St. ALBIN-680 m et devant lequel nous patienterons plus d'une heure avant d'être autorisé à le franchir. Lorsque nous atteignons l'écluse de SOING, nous avons parcouru 36 km et il est déjà 13.00 h, mais compte tenu du nombre d'écluses dans la première partie de notre voyage, nous avions très prudemment prévu de ne couvrir qu'une distance de 200 km sur les deux premiers jours.

Le deuxième tunnel à SAVOYEUX 643 m sera emprunté après les plus vives mises en garde de la préposée sur les dangers de le franchir sans projecteur. Que dire alors de celui de 2,3 km que nous avions traversé lors de notre périple sur le canal de la Marne au Rhin.

Nous naviguons à faible allure dans un environnement superbe et avons le loisir d'admirer les nombreux vols de rapaces, busards, milans ou crécerelles. La rivière est bordée de hérons tels des cohortes de sentinelles surveillant notre progression. Déjà en communion avec cette nature, nous regrettons que nos machines ne soient pas plus silencieuses.

Nous passerons notre dernière écluse de cette première journée vers 17.00 h avant de nous arrêter à GRAY, ville chargée d'histoire et qui ne deviendra française qu'en 1874.

Un long ponton se trouve en amont du pont de GRAY, mais offre peu de place pour nos petites embarcations. Nous nous amarrerons donc en bord à bord. L'hôtel est tout proche et nos chambres ont vue sur la rivière. Nous avons bien fait de nous arrêter ici car nous voyons se pointer maintenant, pour la nuit, les bateaux de location que nous avons dépassés.

Jeudi 21 juin 2001 - 2ème jour

Il est 08.30 h et entrons directement dans l'écluse qui se trouve sous le pont de GRAY à quelques centaines de mètres. Le dénivelé est faible 1,69 m et est franchi rapidement après la brillante manœuvre d'Elie à la perche. Nous ne sommes que deux bateaux à la franchir; Didier sur son « Joker » et Elie et moi sur le « Tornado ».

La Saône s'élargit imperceptiblement dans un paysage changeant, aux riches frondaisons bordant la rivière, et souvent en surplomb des rives dans les dérivations. Parfois le contraste des jeux de lumière nous donne l'impression de pouvoir regarder à l'envers la nature tant les reflets des arbres ou de nos bateaux sont nets et précis dans le miroir de l'eau.

Un petit repas le midi à AUXONNE et nous repartons vers

13.45 h.

Nous aurons bientôt parcouru 68 km jusqu'à St. JEAN DE LOSNE qui est une des plus petites communes de France par sa superficie (36 ha dont 20 ha d'eau) et est située aux confluents de la Saône et des canaux de Bourgogne et du Rhône au Rhin. A partir d'ici la vitesse autorisée passe à 35 km/h. Un peu plus loin nous emprunterons sur 15km la dérivation de PAGNY-SEURRE jusqu'à l'écluse du même nom où nous patienterons pour laisser passer deux montants.

Vers 17.00 h, un virage à bâbord pour quitter la Saône calme et majestueuse et remonter le courant issu des eaux du Doubs et de la Dheune jusqu'à VERDUN. L'amarrage se fera sous les remparts surplombés par une capitainerie, qu'abrite un petit bâtiment moderne pour l'endroit.

L'hôtel des « Trois Maures » est en face et c'est là que le soir nous goûterons la fameuse « pôchouse » qui est une matelote de poissons d'eau douce. Elie se souviendra bien malgré lui de cet endroit , car souffrant il n'eut point de matelote.

C'est une très bonne étape et nous sommes dans nos prévisions car avons parcouru 200 km.

Je m'apercevrai d'une entrée d'eau dans la baille à mouillage par la cadène avant, que je ne parviendrai pas à resserrer. Il ne me restera que l'éponge pour évacuer l'eau mais pourrai continuer car ce compartiment est bien isolé.

Vendredi 22 juin 2001 - 3ème jour

Il est 08.30 h et nous quittons à regret ce village qui semble ne pas encore s'être éveillé tant tout est calme et silencieux à part le piaillement des moineaux et l'horloge qui sonne la demie. Nous pensons nous arrêter ce soir à VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE à 124 km en aval. Nous serons bien vite à CHÂLON car notre vitesse est plus élevée que la veille, et, après avoir contourné l'île St. LAURENT nous assurerons un ravitaillement carburant dans cette belle halte nautique bien équipée en services mais quelque peu encombrée.

Au fil de notre descente, de magnifiques propriétés semblent surgir des berges et font toutes rêver. Un peu plus loin nous arrêterons les moteurs pour approcher en silence et nous laisser aller au fil de l'eau, jusqu'à un pêcheur en barque qui vient de ferrer un magnifique Sandre.

TOURNUS où le recouvrement des toits pentus de la Bourgogne fait place aux tuiles des régions du Midi, et remarquable aux deux clochers de l'église abbatiale Saint Philibert. est bien vite derrière nous. Puis c'est l'arrêt déjeuner dans le très beau port de MACON qui offre également tous les services. Notre casse croûte sera arrosé d'un excellent crû de la région que Didier cachait dans la cave du Joker. A 15.00 h nous devrons patienter devant l'écluse de DRACE 3 pour laisser bassiner le Pousseur que nous avions dépassé.( Priorité aux Commerces ! ).

Nous voici à VILLEFRANCHE mais il nous semble tôt pour nous arrêter et décidons de continuer. Vers 17.30 h nous sommes à l'écluse de COUZON qui n'est qu’à une dizaine de km de LYON et à 17 km de l'embouchure du Rhône. C'est décidé, nous dormirons à LYON.

Nous interrogeons quelques personnes, j'aborde un petit canot, mais les uns comme les autres nous décourageaient de nous arrêter pour la nuit à LYON, car parait-il les quais sont peu sûrs et il serait imprudent d'abandonner nos « Zodiac ».

Empreints de cette insécurité nous continuerons donc jusqu'à l'écluse de PIERRE BENITE première écluse à franchir sur le Rhône. Mais il est déjà 18.50 h et le service termine à 19.00 h. Le talent de persuasion de notre ami Didier ainsi que les inflexions utilisées viendront à bout des réticences de l'éclusier. Il sera 19.20 h lorsque nous en sortirons douze mètres plus bas et nous serons d'ailleurs étonnés tout au fil de notre navigation sur le Rhône, de la rapidité des éclusages.

Nous adresserons un petit message aux épouses pour qu'elles puissent suivre notre progression et continuons notre descente dans une semi obscurité. Nous sommes seuls sur l'eau et longeons l'autoroute que nous connaissons bien lorsqu'on descend dans le Midi, raffinerie de FEYZIN, GIVORS, VIENNE…

20.50 h. Nous voici devant l'écluse de VAUGRIS et espérons passer, car à 6km delà, se trouve le port LES-ROCHES-DE-CONDRIEU. A nouveau le talent de Didier fera merveille et l'éclusier acceptera de faire une bassinée pour les deux Zodiac. Je crois qu'il aurait mal dormi en songeant qu'il nous avait stoppé si près du but , mais tout de même un tout tout grand merci.

A peine accrochés au ponton. Elie part à la recherche d'un logement qu'il trouvera aisément car l'hôtel « Bellevue » est juste sur le port. Nous partagerons la dernière chambre qui, pour le plus grand bonheur de tous était pourvue de trois lits.

Samedi 23 juin 2001 - 4ème jour

08.45 h. Les moteurs tournent et nous quittons LES ROCHES DE CONDRIEU, région célèbre pour ses excellents vins blancs provenant notamment d'un cépage importé de Dalmatie sous le règne de l'empereur romain Probus. Ici le Rhône est large et les collines qui le dominent sont couvertes de vignes cultivées en terrasses. La navigation est aisée dans le courant et le temps est superbe.

A 11.00 h et 45 km plus loin nous rentrons immédiatement dans l'écluse de GERVANS qui est prête grâce à notre annonce sur VHF. Un éclusier en effet, nous avait conseillé d'annoncer notre arrivée à chaque écluse, lorsque nous étions encore à plusieurs kilomètres de là, afin qu'elle puisse être préparée. Depuis LYON le Rhône est bien balisé et cela ne pose aucun problème. Malheur à ceux qui s'en écarteraient pour rejoindre des rives qui parfois semblent bien accueillantes !

Le courant est puissant. Au ralenti, on perçoit sous la coque des chocs sourds qui sont dus probablement à des contre courants, siphons, résurgences, une vraie bouilloire.

Plus loin je m'arrête au milieu du fleuve pour profiter du paysage, un léger choc à l'arrière, un effleurement, c'est Didier qui faisant de même,... a continué sur son erre. Léger contact alors que le fleuve a 300 mètres de large. Comme l'on dit ...  « il faut le faire ».

Nous sommes maintenant à 106 km de LYON et sortons de l'écluse de BOURG-LES-VALENCE qui n'est plus qu'à 6 km du port de l'Epervière très bien équipé lui aussi. Nous déjeunerons à l'hôtel l'Epervière complexe hôtelier et de séminaires très bien situé pour nous.

C'est vers 15.15 h que, après un ravitaillement carburant, nous appareillons à destination de VIVIERS à 54 km en aval. Nous naviguons entre l'Ardèche, pays de la châtaigne, du ver à soie, des fruits et du vin, et la Drôme séduisante, pays de la pogne et de la raviole, mais aussi de sa Clairette de Die. ses vignobles des Côtes du Rhône et coteaux de Tricastin. son nougat de Montélimar, et toute son architecture de style roman provençal.

A la barre avec l’œil fixé à la caméra, devant les splendides falaises calcaires du défilé de Donzère Didier me rattrape pour m'avertir que j'ai dépassé VIVIERS. Nous ferons demi tour pour remonter un peu le Rhône et rentrer dans le bras d'eau qui abrite les pontons du petit port.

Là, pas de capitainerie, quelques pontons devant une rampe de mise à l'eau. Dès les manœuvres terminées, Elie, il en a maintenant l'habitude, va s'enquérir d'un logement. Le village est à 500 m. Il nous revient pour confirmer qu’il n'est pas possible d'y loger. Les abords ne se prêtant pas à l'installation de notre tente de camping, un indigène nous conseillera de remonter en taxi jusqu’à MONTELIMAR. Décision prise : Didier dormira à bord en inaugurant la tente de son Joker, Elie et moi nous débrouillerons . Nous rejoindrons peu après le petit bar resto « Le château » sur la place de ce ravissant village qui à une lointaine époque fut la capitale du Vivarais.

Une brochette plus loin, la serveuse nous communiquera le n° de téléphone d'un taxi, mais l'inspiration aidant, nous l'interrogerons sur les possibilités de la région en chambres d'hôtes. A nouveau elle s'éclipsera dans le bar, mais reviendra rapidement nous dire : « Dès que Nabil a terminé son service il vous conduira à une chambre d'hôte ».

Son service terminé et trop heureux de l'occasion , nous n'effectuerons pas le contrôle du véhicule de Nabil qui nous amena sains et saufs à 3 km de là, chez Jean-Marc et Amélie. Cette dernière nous proposera d'ailleurs très gentiment un ventilateur pour passer une agréable nuit mais que, bien entendu nous refuserons comme de vrais sportifs.

Aérons nos chambres et ouvrons fenêtres et volets.......

A gauche, la nationale, à droite, le rail. Tout fut calme jusqu'à 23 heures. Mais après..... c'est comme si les voitures de la nationale étaient remplacées par les trains de marchandises qui déferlaient sous l'oreiller. Avec le ventilateur proposé, nous n'aurions peut-être rien entendu !!!  Après cette nuit quelque peu mouvementée, je voulus enregistrer cette ambiance infernale et restai à la fenêtre de 07 h à 7.30 h caméra au poing. A ma grande déception, plus aucun train ne passa. Jean-Marc nous reconduisit au village où nous primes un petit déj. en sa compagnie, et Didier que nous retrouvâmes enchanté de sa première nuit à bord.

Dimanche 24 juin 2001 -  5ème jour

Nous quittons VIVIERS vers 09.30 h en repassant le défilé de DONZERE et empruntons à hauteur du pont du barrage de garde, le canal de DONZERE-MONDRAGON, qui après être passé devant les centrales nucléaires de l’E.D.F, nous amènera 19 km plus loin à l'écluse de BOLLENE qui rejoint tous les superlatifs : la déviation de 28km est la plus longue du Bas-Rhône; ce fut le chantier le plus spectaculaire du Rhône avec ses 50 millions de mètres cube de terrassement et ses 600.000 mètres cube de béton. A l'époque de sa construction, elle était l'écluse la plus haute du monde avec un dénivelé de 26 m. Grâce à un dispositif de remplissage par le fond, remplissage et vidange sont réalisés en 7 minutes. Plus bas sur le Rhône, les ouvrages d'art se succèdent, viaducs, ponts T. G. V., de béton ou métalliques d'ocre ou de bleu, où le génie civil a rejoint l'esthétique.

Encore plus loin et tout en bordure du Rhône, nous longeons le charmant village de SAINT-ETIENNE-DESSORTS où grâce au bon amarrage existant il existe des possibilités de ravitaillement. Ensuite se succèdent quelques complexes industriels dont le centre atomique de Marcoule. Le Rhône est bien large à cet endroit et il nous semble qu'il n'y a pas de pollution apparente.  Peu après l'écluse de CADEROUSSE, nous remonterons sur 5 km jusqu'au petit port de l'ARDOISE niché dans un bras du Rhône. Le directeur de l'usine toute proche, qui a élu domicile sur un grand catamaran nous indiquera un bout de ponton ombragé où nous pourrons déjeuner. Nous repartons vers 13.50 h et le Rhône ici est à nouveau très large et se divisera un peu en amont d'AVIGNON en deux bras d'égale importance. Nous contournerons l'île PIOT pour remonter vers le pont Saint-Bénézet par l'autre bras, et fixer sur la pellicule ce célèbre pont ainsi que son voisin le Palais des Papes, alors qu’une intense activité nautique a lieu le long des berges. Ensuite nous longerons l'imposante masse du château de TARASCON, ARLES plus loin annonce un pays sans relief et on sent déjà la Camargue toute proche.

Je transfère un peu d'essence sur le bateau de Didier qui craint la panne, mais nous avons malgré tout assez en réserve. Il se fait tard et nous renonçons de ce fait à franchir les derniers kilomètres du Rhône indiqués dans le Navicarte comme Zone non hydrographiée - navigation dangereuse. A 19.35 h, et trop tard pour laisser passer la Plaisance nous nous présentons devant l'écluse de PORT-SAINT-LOUIS-DU-RHONE afin de passer la nuit au port de plaisance et, le lendemain, suivre le chenal qui nous amènera dans le golfe de FOS. Didier, diplomate de l'équipe, négociera une fois de plus notre passage. L'éclusier accepte de nous faire passer en même temps, que le pousseur annoncé pour 22.00 h si celui-ci est confirmé et nous demande de rester à l'écoute. Dans l'attente de son appel, les bateaux sont amarrés à un quai peu engageant et je resterai à bord afin d'encoder mes points de route pendant que Elie et Didier partent se restaurer. L'humidité tombe en quelques instants et les bateaux sont trempés, je n'ai jamais connu jusqu'à présent un phénomène aussi rapide. Vers 21.00 h, Elie et Didier me rapportent une demi rosé et une pizza qui s'effrite, tant elle est humide et que je ne parviendrai pas à avaler proprement.

Le pousseur est confirmé et nous pouvons rentrer derrière lui. Le dénivelé est faible. mais quel courant !

Nous entrevoyons dans l'obscurité les pontons, où le plus silencieusement nous irons nous accrocher. Elie dormira sur le ponton dans son matériel de montagne moi dans le couloir du Tornado le long des sièges, et Didier sous la tente du Joker comme.... un bienheureux à en croire ses ronronnements.

Lundi 25 juin 2001- 6ème jour

05.50 h.-La nature s'éveille. Nous, nous l'étions déjà. Elie, le débrouillard nous découvrira un bar de marin pour un petit déj.

Nous pensions arriver en mer par l'embouchure du Rhône, mais c'est par le golfe de FOS qu'on ira. Nous nous apercevons que nous ne disposons pas de carte pour cette partie et les fonds sont hauts aux abords du THEY-DE-ROUSTAN. Nous repérons dans le Bloc Marine quelques bouées (sans coordonnée) qui permettent de contourner le THEY et nous amener aux premières bouées que nous avions encodées la veille dans le G.P.S. Nous notons sur un bout de papier les caps et les distances de façon approximative.

Après avoir cherché en vain du carburant, nous devons faire demi tour dans le canal Saint Louis et revenir à PORT-SAINT-LOUIS pour nous ravitailler à la station service d'une grande surface. L'appréciation que nous aurons sur les services qu'offre un caddy est franchement positive surtout sous ces latitudes. Nous ré appareillons vers 11.00 h.

Didier est toujours dans le chenal lorsque j'aborde la mer et suis pris brusquement dans une purée de pois. Je continue néanmoins le cap approximatif que nous nous étions fixés pour atteindre une première bouée, et y attends Didier. On entend de puissantes cornes de brume. Je ne suis pas inquiet, mais pas trop rassuré, car nous sommes près des ports pétroliers de FOS et de LAVERA. J'appelle Didier qui me confirme qu'il se dirige vers la première bouée retenue, mais en même temps l'appel des cornes de brume se fit plus oppressant. Un nouvel appel à Didier pour me donner sa position que j'encode dans le GPS et je le rejoins immédiatement. Nous retournerons au plus vite près d'une bouée aperçue à proximité sans savoir laquelle. Puis c'est le hurlement des cornes de brume, le bruit devient assourdissant et surgissent du brouillard à côté de nous deux remorqueurs de haute mer, naviguant de conserve et à très vive allure. Nous aurons juste le temps de nous positionner face aux lames d'étrave impressionnantes. Quelques instants après, le calme reviendra et nous pensons que les remorqueurs nous avaient repérés depuis longtemps sur leurs écrans grâce à nos réflecteurs, car sitôt dépassés les cornes de brume se turent.

Nous reprendrons notre route dans le brouillard qui tout doucement se dégagera à l'approche des bouées de ROUSTAN, puis FARAMAN et de BARONNETS nous piquerons sur SETE à 17 milles de là , afin d'éviter la Camargue qui, vue de la mer n'offre qu'une bande de terre plate et peu d'abri en cas de coup de vent.

Une légère brume subsiste, la visibilité est bonne ainsi que la mer avec un léger clapot qui nous satisfait, jusqu'à l'étang de LUNO. Celui-ci abrite pas moins de sept grands ports de plaisance. avec 2500 places réparties sur 70 ha sous le nom de Port du CAP D'AGDE. A l'intérieur de ce dernier nous rejoignons le Port de MALFATO au pied de l'hôtel qui nous hébergera grâce à l'amabilité d'une employée de la Capitainerie de l'avant-port.

La nuit sera excellente après ce premier jour de mer, comme le couscous de l'Alhambra.

Mardi 26 juin 2001 - 7ème et dernier jour

Après s'être acquittés de nos droits à la Capitainerie, les pleins ayant été faits la veille, nous reprenons la route sans tarder car on annonce un coup de vent. Si cela se confirme, nous resterons bloqués trois jours au Nord de Cap Creus, difficile à franchir à cause des déferlantes.

Nous descendons maintenant plein Sud, longeant une côte assez plate qui n'offre que peu d'intérêt si on ne fait pas d'incursions dans les ports, rivières ou canaux.

A mi-distance de PORT LEUCATE et BARCARES un arrêt photo s'impose devant la grande attraction de l'endroit, le « LYDIA », petit paquebot grec hissé sur la plage et aménagé en casino.

A partir de COLLIOURE la côte s'élève car nous sommes aux contreforts des Pyrénées, et pouvons serrer le Cap Béar, car la mer est très belle. Puis la côte devient très escarpée et des à-pics de plus de 100 m plongent dans la mer mais il faudra s'éloigner des pointes pour parer tout danger car il y a de nombreuses roches affleurantes.

Enfin, la COSTA BRAVA qui mérite bien son nom de sauvage, côte déchiquetée, escarpée, avec de larges baies et pénétrée par des anses profondes.

Un arrêt déjeuner sur le port de PUERTO DE LA SELVA, première halte en Espagne et nous avons déjà l'impression d'être près de notre écurie. Ensuite nous passons le Cap Creus sans problème et qui, avec la Camargue, est le passage le plus difficile à franchir entre Marseille et Barcelone si la météo n'est pas bonne. Sur le chemin, une petite incursion dans l'anse de LLIGAT pour apercevoir la maison de Dali avec ses oeufs de pierre sur les terrasses. Cette maison isolée, autrefois, subit les dégradations de son environnement par les constructions de plus en plus nombreuses. Un petit rond dans l'anse de CADAQUES petit village aux maisons blanches et fleuries et un des plus jolis mouillages de la COSTA BRAVA, pour ceux qui peuvent loger à bord. Au sortir de celle-ci, la pointe de la Figuera à 10 milles de L'ESCALA.

Cap 218° pour traverser la baie de ROSAS et arrivée un peu plus tard au bout de notre route où, Danielle nous rejoindra à quai avec sa voiture pour nous accueillir.

Deux jours plus tard nous quitterons PERPIGNAN en train pour récupérer à PORT-SUR-SÂONE, voitures et remorques qui grâce à la gentillesse de Solène Thauvin de l'Office du Tourisme furent mises en sécurité au camping de l'île de La Maladière. Au passage à VALENCE, Didier récupéra sa petite famille qui le rejoint en TGV.

Un grand merci à mes compagnons de route, à nos épouses pour s'être difficilement passées de nous, et au personnel des Voies Navigables, de leur compréhension.

Félicien M.G.